L’une des tensions qui surgissent en contexte d’aide médicale à mourir (AMM), est celle du temps, a-t-on appris lors de la conférence Aide médicale à mourir : croyance, ritualité et accompagnement[1], tenue à l’Université Laval le 18 juin dernier dans le cadre de la série Entretien sur la mort de la coopérative funéraire des Deux Rives. « Nous sommes des êtres qui vivons dans le temps, a dit Gaston Mumbere, intervenant en soins spirituels au CHU de Québec, mais lorsque vient l’AMM, la notion du temps est comme suspendue. » Faisant une distinction entre les deux concepts du temps chez les Grecs anciens, le chronos, déroulement du temps, et le kairos, qui est plus subjectif, faisant référence à un temps de qualité, c’est le temps chronos qui est arrêté par l’AMM, ce qui, selon lui pose un problème de réalisme.
Certaines personnes se demandent si la personne mourante avec qui elles parlaient en lui tenant la main quelques minutes avant l’administration de l’AMM est vraiment morte. « Moi-même, la première fois j’ai vécu l’AMM, je me suis posé la même question, pourtant je suis un professionnel entre guillemets, je tenais la main de la personne puis le médecin a dit “16 h 52, madame est déclarée morte”, j’ai dit : Non c’est pas vrai ! »
Cette question du réalisme, a précisé le conférencier, et les autres tensions en contexte d’AMM, les croyances, les valeurs, la peur de la mort, peuvent compliquer le deuil qui, dans certains cas, peut devenir pathologique.
[1]- L’enregistrement vidéo de la conférence se trouve à https://www.youtube.com/watch?v=cvgACWTQr-g . Il est possible de suivre en même temps la transcription faite par l’intelligence artificielle en cliquant sur le mot « plus » sous le nombre de visionnements, puis sur le bouton « Afficher la transcription ».
